Plongées à Las Lenguas et au Museo Atlántico

Journée consacrée à la plongée, au sud de Lanzarote. D’abord à Las Lenguas, à partir de Playa Blanca, puis au Museo Atlántico…

Plongée à Las Lenguas

Nous voici tout au sud de Lanzarote, à Playa Blanca, pour nos deux plongées de la matinée.

La première, à 5 minutes en zodiac du port, est  sur un fond de 20m. C’est un site exceptionnel de vie. Dentis, sars, bancs de fusiliers et de harengules écailleux appelé communément sardines caillées et même des requins anges. Son nom, las lenguas (les langues) vient de la forme géologique des anciennes coulées de lave.
Béatrice avait son appareil photo étanche, un Olympus TG4, elle nous a ramené un petit film et quelques photos…

Un requin ange en plein sommeil, sous le sable : pas facile à repérer !
Toujours un requin ange, en quasi-mimétisme entre le sable et la roche.
Sur un simple fond de sable, le requin ange est plus facile à voir.
Le requin ange appelé aussi ange de mer peut mesurer jusqu’à 2m50. Celui-là était un mâle d’environ 1m50. Et si vous vous demandez comment on sait que c’est un mâle, regardez la vidéo, et vous verrez ses deux organes reproducteurs.
Une murène et sa crevette nettoyeuse.
Merci à Geraldine qui a permis à Béatrice de mettre un nom plus précis sur cette anémone. Telmatactis cricoide ou anémone massues en français (à cause des de ses tentacules à bouts renflés) ou Anémona gigante en espagnol.
Un banc de sardines caillées

Le Museo Atlántico

Ce site est étrange : c’est un musée sous-marin, accessible exclusivement en plongée bouteille. Il est l’œuvre de l’artiste sculpteur Jason deCaires Taylor.

Aujourd’hui la visibilité n’était pas bonne, surtout sur le 2ᵉ site de plongée. L’eau était très chargée à cause du mauvais temps. Ce qui donnait une atmosphère encore plus spéciale à cette visite. Nous étions seuls avec notre guide de palanquée : un privilège rarissime dû à l’absence de touristes en cette période épidémique.

Béatrice a rapporté quelques photos, une visite sur Internet au sujet du Museo Atlántico permet d’en découvrir d’autres aspects.

Le texte qui suit est une traduction du site de l’artiste.

Le Museo Atlántico est le premier musée d’art sous-marin d’Europe et de l’océan Atlantique. Il est situé dans la réserve mondiale de la biosphère de Lanzarote (UNESCO), et est accessible aux plongeurs en bouteille ou en équipement léger. Le musée a été officiellement inauguré en janvier 2017 par le président de Lanzarote, Pedro San Gines.

Le projet monumental a pris plus de trois ans de planification et de construction et comprend plus de 300 moulages grandeur nature placés sur une zone de fond marin auparavant stérile de 50 m x 50 m.

Au fil du temps, les structures en béton au pH neutre deviennent des sculptures vivantes, le thème général et la disposition représentant un jardin botanique sous-marin. Les formations sont toutes configurées de manière à regrouper les poissons à grande échelle et les moulages deviennent des points d’ancrage pour la nouvelle croissance des coraux, attirant les espèces de poissons locales et créant de nouveaux écosystèmes. Les sculptures sont fréquentées par de rares requins anges, des bancs de barracudas et de sardines, des poulpes, des éponges marines et occasionnellement des raies papillons.

Alors que l’installation permanente est conçue pour durer des centaines d’années, ce sera une exposition en constante évolution à mesure que la vie marine change et transforme les surfaces des sculptures.

Les œuvres créent un dialogue visuel fort entre l’art et la nature. Elles remettent en question la marchandisation et la délimitation des ressources naturelles mondiales et sonnent l’alarme sur les menaces actuelles qui pèsent sur les océans du monde. Les installations mettent en lumière les divisions sociales et politiques au sein de la société actuelle.

Le Radeau de Lampedusa transporte 13 réfugiés vers un avenir inconnu. Il puise son inspiration dans le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault qui représente le vain espoir des marins naufragés. Bien qu’ils puissent voir le navire de sauvetage à l’horizon, ils sont abandonnés à leur sort – tout comme les réfugiés le sont aujourd’hui. Alors même que radeau  après radeau les réfugiés se perdent sous les vagues de la Méditerranée, alors même que les corps d’enfants s’échouent sur les côtes européennes, la forteresse Europe a retiré les opérations de sauvetage, construit des barrières, refoulé les survivants.

Taylor a choisi le réfugié Abdel Kader comme figure de proue du Radeau de Lampedusa. Kader vient de Laayoune, la plus grande ville du Sahara occidental et a fait son propre périlleux voyage en bateau à Lanzarote il y a 16 ans alors qu’il n’avait que 13 ans.

Le Rubicon met en scène 35 personnes marchant vers un mur sous-marin, ignorant qu’elles se dirigent vers un point de non-retour. Ils baissent les yeux ou regardent leurs téléphones, dans un état presque onirique. C’est un thème récurrent dans le travail de Taylor – que nous somnambulons vers la catastrophe, incapables de faire le point sur notre propre impact sur le monde naturel et donc sur notre propre survie.

Le mur s’étend sur 30 mètres de long et 4 mètres de haut et contient une seule porte rectangulaire en son centre. Il se veut un monument à l’absurde, une barrière dysfonctionnelle au milieu d’un vaste espace tridimensionnel fluide, contournable dans toutes les directions. Il souligne que les notions de propriété et de territoires ne sont pas pertinentes pour le monde naturel. À une époque de patriotisme et de protectionnisme croissants, le mur nous rappelle que nous ne pouvons pas séparer nos océans, notre air, notre climat ou notre faune comme nous le faisons pour nos terres et nos possessions. Nous oublions que nous faisons tous partie intégrante d’un système vivant à nos risques et périls.

Faut-il être plongeur pour franchir la porte ?

Le gyre humain se compose de plus de 200 figures humaines grandeur nature dans un gyre océanique. La pièce incarne notre vulnérabilité nue au pouvoir inhérent de l’océan, et notre fragilité face à ses cycles et à sa force immense. Il fournit l’oxygène que nous respirons, il régule notre climat et il constitue une source vitale de nutrition pour des millions de personnes.

Le reste du musée est à l’avenant : symbolique, démonstratif, interpelant. Il mériterait une autre plongée, un jour où la mer est claire…

Un hybride homme-arbre...
Le reflet de Béatrice dans un miroir destiné à se ternir avec le temps...

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À méditer…

Il faut voyager pour fotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui

Montaigne