Pendille dans le propulseur d’étrave !

13 août

Aujourd’hui, repos ! Béatrice me laisse dormir le matin. Le vent souffle encore pas mal, mais ça se dégage dans la journée.
Petit tour en ville, achat de deux bouteilles de l’excellent gin local, élaboré avec des baies de genièvre des Pyrénées et de l’eau de source de Minorque : il vaut un bon Hendricks !

Vers 19h nous embarquons nos voisins qui nous invitent à manger chinois. Je démarre l’annexe du 1er coup. Nous rejoignons donc Matamata et … panne sêche ! Après-coup je me dis que l’on fait bien de toujours partir avec les rames…

14 août

La nuit a été tranquille. Ce matin, grand bleu, pas de vent. Durant le petit déjeuner, on vérifie la possibilité de faire le plein de gazole : il y a la queue ! Béatrice propose d’essayer d’aller au ponton flottant, de se poser un jour de plus et de faire le plein demain matin. OK.
Le Zodiac du staff de Marina Menorca passe, je leur fais signe : ils peuvent nous installer sans tarder. Allez, hop ! On lève l’ancre. Béatrice au moteur, moi à l’avant. Sans vent les bateaux sont un peu dans tous les sens mais on arrive à récupérer l’ancre sans problème. Je nous dirige ensuite vers le ponton flottant, près d’Isla del Rey.

Le vent s’est un peu levé, il vient du sud, un peu de travers. Je recule Jasmin à sa place (le ponton est vide), les marineros prennent les amarres arrière, je m’occupe de la pendille tribord. Je remonte le long du pont vers l’étrave avec cette grosse corde pleine de vase dans les mains, mais le vent fait dériver le nez de Jasmin.

Je demande à Béatrice de donner un coup de propulseur pour nous redresser…

Grave erreur !

Le bout dormant de la pendille, bien trop long, est aspiré par l’hélice en acier du propulseur d’étrave, côté tribord ! Je m’en rends compte presque immédiatement, mais il est déjà trop tard : le cordage s’est pris dans l’hélice !

La pendille bâbord est plus difficile à frapper, le vent nous dévie fortement sur tribord. On est assez loin du ponton, mais il me faut aller voir le propulseur : sur un voilier de cette taille, il est quasi nécessaire aux manœuvres de port.
Je me mets à l’eau pour voir de plus près : horreur, il y a près d’un mètre de cordage entortillé autour de l’axe. Je reviens avec un couteau après avoir prévenu les marineros, qui ont assisté à toute la scène, que j’allais devoir couper la pendille, et que j’allais ensuite faire l’épissure pour la réparer.

Je démêle, je coupe, je libère l’hélice tribord : une pale endommagée, une qui touche le tunnel. L’hélice est bonne à changer, l’axe est voilé. Ce sera toute l’embase qui devra être changée, mais je ne le sais pas encore…
Je teste le propulseur : il fonctionne encore, mais tout vibre avec un bruit marqué. On voit qu’il y a désormais un côté plus vaillant que l’autre.
La journée se passe ensuite en épissure de la pendille (réussie), en nettoyage du pont, en ajustement des amarres.

J’ai branché Jasmin sur l’eau du quai. J’ouvre tous les robinets : OK. Au bout de quelques instants le robinet de la cuisine ne laisse plus rien couler ! Merdoum : il doit être bouché quelque-part. Je m’apprête à démonter le lave-vaisselle pour accéder aux tuyaux : grosse galère en perspective. Avant cela j’essaie de voir s’il n’y a pas un truc dans le robinet lui-même. Je découvre sa douchette intégrée. Je dévisse l’aérateur : bouché et nauséabond ! Deux problèmes résolus à la fois : après nettoyage, plus de mauvaises odeurs et le bateau est alimenté par le quai.

NB : il s’avère que parfois, laisser le bateau branché au quai peut engendrer un gros problème. En effet, en cas de fuite d’un circuit d’eau, quand on est sur les réservoirs on entend les pompes de mise en pression tourner et au pire, on récolte quelques centaines de litres d’eau dans les fonds. Mais la même fuite alimentée par le quai est silencieuse. Et on peut vitre récupérer plusieurs m3 dans le bateau, par exemple durant une balade à l’extérieur.
Au final, je préfère remplir mes réservoirs…
Et donc nous faisons le plein d’eau…

Plusieurs autres bateaux sont venus au ponton : je pense que les services de Marina Menorca leur ont rappelé que le mouillage était interdit !

Ça nous coûtera 120€ pour la nuit : les Baléares ne sont pas bon marché !

Je passe mes amarres arrière en double, tenues sur les taquets et sur les winches de génois : elles seront plus faciles à libérer demain en partant.
Le staff me demande de reprendre la pendille bâbord : impossible, elle est tendue à mort par le vent de travers. J’essaie avec la poupée du winch du guindeau : ça marche, mais je ne peux alors plus la frapper sur le taquet !
Une seule solution, efficace : frapper un bout solide avec un nœud nœud de bosse sur la pendille, à l’extérieur du voilier et reprendre le bout en question au winch. Il tire la pendille sans problème et laisse ainsi du mou pour la frapper au taquet.

Comment est-ce que je savais qu’il était possible d’utiliser un tel nœud ? Dans mes nombreuses lectures pour préparer ce grand voyage, il y avait le “Guide de manœuvres” d’Eric Tabarly, illustré par Titouan Lamazou. Dans ce petit bouquin j’avais retenu une petite série de dessins qui illustrait ce nœud et les usages que l’on pouvait en avoir. Il s’avère qu’il me servira de nombreuses fois !

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À méditer…

Le voyageur voit ce qu’il voit, les touristes voient ce qu’ils sont venus voir

G.K. Chesterton