Première sortie !

Rendez-vous ce matin à 10h au bateau pour sa première sortie en mer depuis son achat. Béa ne peut pas venir aujourd’hui, elle est en stage avec le comité régional pour les encadrants de plongée…

Départ de La Grande Motte

La Grande Motte, beau temps, 19°, un peu de vent d’est, rien de bien méchant. Ça devrait être une belle journée, plutôt ensoleillée jusque vers 15 ou 16h, avec un vent qui fraîchit et tourne au SE, en allant chercher les 15 puis 20kts et au-delà en fin de journée.

Dominique est déjà là, avec deux équipières. Sylvie, qui a déjà pas mal navigué en grande croisière : deux transat l’an passé, un convoyage France-Papeete… Ancienne IDEL, utilisatrice de Vega ! Maryline, dont je ne connais pas le parcours…

Chacun de nous est venu avec ses gants et ses chaussures, et a apporté quelque-chose à manger. Il est temps de rejoindre Jasmin, qui attend sagement à sa place.

Pendant que Dominique présente le bateau je fais une partie des préparatifs : allumer tous les circuits 24V, allumer l’électronique de bord, la VHF, mettre un peu de musique.

On révise le plan de passage des écoutes des deux voiles d’avant, à chacune sa poulie sur le rail : arrière dédiée au génois, avant pour la trinquette. Tout ce qu’il faut pour déplacer le point de tire selon les allures.

Les défenses sont fixées aux filières et posées à l’intérieur du bateau : on les rentrera après être sortis du port.

On repère les amarres, on décide de la manœuvre. L’amarre avant bâbord sera récupérée sur Jasmin si possible : sa boucle est actuellement passée sous le crochet du Duc d’Albe, le grand poteau qui délimite l’emplacement de Jasmin. L’amarre tribord sera posée sur le poteau : notre voisin à passé son amarre, tendue, par-dessus la nôtre. D’ailleurs c’est probablement ce que nous avons fait nous-même la fois d’avant : principe à revoir…

Sur les 4 arrières on laisse les deux équipées de vieux ressorts rouillés sur le ponton, on récupère les deux autres.

Amusons-nous un peu avec les commandes

Les filles devant, Dominique à la manœuvre : j’ai allumé le moteur et le propulseur d’étrave.

Les arrières sont larguées, je saute à bord pour la sortie du bateau.

Problème : pensant appuyer sur les commandes du propulseur pour positionner l’étrave, Dominique appuie sur les commandes de l’enrouleur de la trinquette. Qui se déroule. Elle prend le vent. Pas moyen de l’enrouler : le moteur semble refuser de tourner !

La voile presque complètement sortie, alors que nous sommes encore dans notre emplacement, je propose à Dominique de vérifier où son doigt est posé : le propulseur fonctionne bien. Jasmin ayant commencé à sortir, il faut donc rentrer cette voile pour éviter de gêner la gestion des amarres d’avant et la sortie. Je rappelle ici que Jasmin fait 5m de large sur presque 18m de long et devra passer entre deux poteaux séparés de 5,5m seulement…

Je coure donc chercher une manivelle de winch et j’entreprends d’enrouler la trinquette à la main. C’est assez facile (sans vent), et ça ne demande pas d’effort particulier. Mais c’est long. Très long. Très, très long !

Au débriefing, après le retour, Dominique me dira que j’ai priorisé la rentrée de la voile au détriment de la manœuvre de sortie, qu’il a donc du faire intégralement. J’apprends…

En mer, enfin…

Sortie du port, éloignement puis mise vent debout. On sort la GV en premier. Gaël, de Vega Voiles, nous a suggéré l’autre jour de commencer par le génois je crois…

Pour sortir la GV il faut s’assurer que les deux écoutes de GV (rouge et noir) sont claires et bien bloquées dans leurs taquets et leurs winches respectifs.

Libérer la bosse d’enrouleur de mât, sur le piano bâbord. Actionner la bosse d’empointure (j’ai appris le terme un an après) du piano tribord avec le winch de manœuvre : la voile sort… Par temps normal, on la déroule alors jusqu’à la marque noire, presque à l’extrémité de la bôme. On bloque ensuite le tout en s’assurant que les bloqueurs accrochent bien.

Dérouler le génois est facile : on vérifie que les écoutes sont claires et bien lovées, on libère l’écoute au vent, on installe l’écoute sous le vent sur son énorme winch électrique. La commande électrique au poste de barre tribord déroule lentement la voile dont on reprend l’écoute sur le winch. Sans tirer : c’est le moteur de l’enrouleur qui déroule la voile, pas l’écoute ! Bien sûr on choisit de dérouler le génois du côté de notre premier bord : pour nous, vent d’est, direction la cardinale de l’Espiguette, vers le SSE : génois à tribord…

On va ainsi croiser au près et au près serré pendant un moment. Jasmin se comporte très bien ! A ma demande on fait quelques tests de réglage. Voiles bordées, Jasmin va chercher le vent avec une certaine vivacité. Il est « ardent ». Si on lâche la barre, il se dirige peu à peu vers le vent : il lofe.

Deux conséquences : par vent plus soutenu, si on ne fait pas attention et que les voiles sont bordées au près serré ou simplement au près, le départ au lof est à prévoir. On testera ça un jour…

L’autre conséquence est que si le barreur a un problème le bateau ira tout seul se mettre face au vent s’il n’est pas sous pilote automatique. Ainsi, hormis l’éventuelle dynamique du mouvement, le bateau finit par s’arrêter de lui-même, gage de sécurité…

Dominique fait une petite révision théorique pour les filles sur les forces en jeu.

Le pont est dégagé, le bimini replié, la capote baissée : naviguer ainsi s’avère très plaisant. Grisant…

On vire la cardinale W, direction « Les Baronnets », la cardinale S. Le vent continue à tourner SE : pas moyen de rester au près serré : la cardinale est droit dans le vent !

Alors on vire de bord, vers le large.

Bôme dans l’axe, on enroule le génois, on vire franchement de 60° à 80°, on redéroule le génois après avoir mis en place l’écoute sous le vent, on lâche un peu la GV : nous voilà repartis !

Je rappelle ici que Jasmin est équipé de deux voiles à l’avant, ce qui oblige à rentrer le génois lors de chaque changement d’amure…

Par temps clair et avec un vent inférieur à 15kts on doit pouvoir faire toute la manœuvre seul. D’autant que le pilote peut , en principe, se charger de la barre pour le changement de bord.

Nous faisons maintenant route WSW, vers les émissaires de Montpellier. On est au portant, le bateau avance bien, les conditions sont plus calmes : c’est l’occasion de manger un bout…

La tenue de cap est plutôt facile au près, dès lors où l’on est à l’écoute de Jasmin et qu’on anticipe son envie d’aller chercher le vent. La tenue de cap au portant est, au premier abord, moins confortable. En fait, on a des sautes de vent qui nous font passer du quasi vent-arrière au grand largue.

En contrepartie, au près serré la gite est bien marquée, assure la stabilité du voilier : on a ainsi « baptisé » Jasmin avec des éclaboussures sur le pont avant. Au portant, rien de tel…

Nous contournons les émissaires. Face à nous, venant de l’ouest, le ciel se couvre peu à peu. Le vent se renforce, il est temps de rentrer…

On réduit un peu ?

Sur ce dernier bord, direction La Grande Motte, nous avons changé d’allure. L’empannage au contournement des émissaires s’est très bien passé encore une fois. La bôme passe vivement mais sans violence. On déroule le génois… Le vente mont encore. Presque 20kts parfois. Dominique décide de réduire la toile : j’apprends ainsi à « sentir » le moment où la décision s’impose.

Pour enrouler le génois, notre « moteur » principal, il faut aller se remettre à une allure de près. Au portant ou avec trop de vent la tension est trop grande : l’enrouleur refuse de tourner !

A ne pas oublier quand le renforcement du vent est prévisible : rentrer la toile tant qu’on le peut encore le faire en sécurité !

On rentre 1/3 du génois, peut-être un peu moins : Jasmin se calme déjà.

La GV donne la stabilité au bateau. Cap sur le port, au près. La gite est marquée : en rentrant un peu de GV on se remet à plat, c’est plus confortable.

Rentrer un peu la GV : bosse de l’enrouleur sur le winch de manœuvre bâbord, on libère le taquet de la bosse d’empointure sur l’autre piano, à tribord. On enroule d’un côté, lentement, en s’assurant que l’autre côté rentre bien. Un oubli sur ce point, malgré de nombreuses sorties, un jour de grand vent, aura des conséquences délicates, l’été suivant…

Sécurité : Dominique nous explique qu’en cas de brusque saute de vent, quand on navigue ainsi au près, la toute première chose à faire est de choquer la GV. On laisse ainsi le bateau se remettre à plat, le temps de rentrer la toile ou de manœuvrer. Ce conseil nous servira souvent…

A l’approche de La Grande Motte nous croisons Poerava, le magnifique Bordeau 60 amarré à quelques emplacements de Jasmin…

Vent debout, on rentre les voiles. Le moteur est en route. Le génois rentre vite, la GV rentre très, très vite : il faudra toujours faire attention….

Dominique fait l’entrée au port puis au ponton.

Nous avons préparé les amarres, choisi l’ordre des opérations, le sens de la manœuvre. Le vent et l’erre de Jasmin aidant, tout ou presque se fait … au point mort !

Entrée dans le bassin d’honneur, en avant, sur l’erre, en longeant un peu le côté bâbord : là où se trouve notre emplacement. Amorçage du pivot vers tribord quand la proue atteint la place au ponton, avec le propulseur d’étrave. La poupe pivote en sens inverse, autour de l’axe du bateau. L’erre le conduit lentement à se positionner dans l’axe de son emplacement. Marche arrière pour rentrer lentement…

Les amarres avant sont passées sur les poteaux au passage : il faudra revoir ça, pas évident à faire. On arrive au ponton sur l’élan, les avant retiennent le bateau qui repart un peu. Un petit coup de marche arrière lente pour rester en tension. Je saute sur le ponton, je frappe l’amarre tribord, puis bâbord, on ajuste, moteur coupé…

Il est un peu plus de 15h. Le vent continue à se renforcer, il était temps de rentrer !

En synthèse

Jasmin est sain, puissant, présente beaucoup de fardage et d’erre, d’inertie. Il est pourtant vif au près, ardent. Et très confortable à toutes les allures.

On n’a pas mangé grand-chose.

Penser à mettre les écoutes claires, sans les attacher, durant la navigation.

Revoir l’amarrage.

Penser à un truc pour ne pas oublier les clés sur Jasmin.

Au final, nous avons parcouru un peu plus de 25NM, en 4h, avec des pointes à 9kts dans un vent de 15 à 20kts.

2 thoughts on “Première sortie !

  1. Un petit truc pour les néophytes dont je fais parti: le vocabulaire marin c’est bien, mais un petit lexique, voir quelques explications seraient les bienvenues. Par exemple, je connais Km/h, noeuds, mais Kts, non. génois, trinquette, “Les défenses sont fixées aux filières”, tout ça est de l’hébreu pour moi et pour beaucoup qui vont te lire et ne sont pas forcément marins.

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Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.

Antonio Machado